Le stagiaire de troisième

« Cui cui ?
– Nan Paulo, je suis désolé, mais j’irai pas à ce mariage.
– Cui ?
– Mais parce que c’est toujours la même chose. Ce sont toujours des journées pourries.
– Cui.
– Oui, je sais, on s’est bien marré la dernière fois quand le pan s’est foulé une plume pendant la danse d’ouverture, mais quand même. Au vin d’honneur, je prends un petit ver, je m’installe à table, je regarde autour de moi et qu’est-ce que je vois ?
– …
– Ben, j’te l’donne en mille Goupil, ils m’avaient placé à côté du petit coin à guanos… Sérieusement quoi ! Tu crois que c’est appétissant ?
– Cuii.
– Quoi ?
– Cuii !
– Faut vraiment que t’articule Paulo, des fois, je comprends rien à ce que tu dis. Donc je disais… euh… Ah, oui… Moi je viens seul donc on me met où il y a un trou et résultat, la fois d’avant, j’étais à côté de la tante Pie et en face du tonton Aigle raciste. Elle qui explique pendant des heures que sa fille a un nouvel Étourneau. Lui qui répète sans cesse que c’est une drôle d’idée, mais qu’il n’est pas raciste parce qu’il a un ami Corbeau. Tu vois le genre ?
– Cui !
– Je sais bien que c’est pas évident de respecter les envies de tous les oiseaux, mais quand même… Franchement Paulo, tu vas peut-être dire que je suis complotiste, mais je crois que l’objectif secret de tous les gens qui font un plan de table, c’est de se venger de toutes les fois où ils ont été mal placés. »

[…]

« Cuiiii.
– N’insiste pas Paulo, j’irai pas ! En plus, tu crois vraiment que c’est intelligent de faire un mariage en octobre avec ce qui se trame dehors ?
– Cui ?
– Comment ça quoi ? Normalement, un Rossignol bleu, ça suit les réseaux sociaux et je sais que t’es à part, mais quand même… T’es au courant qu’on est en pleine pandémie de Chassonavirus quand même ?
– …
– Ben si, l’épidémie revient, comme chaque année. Il paraît qu’il faut qu’on apprenne à vivre avec, mais moi, je ne m’y fais pas.
– Cui, cui cui.
– Mais t’es barge ou quoi ? Bien sûr que ça ne touche pas que les fragiles. Les chasseurs se diffusent dans l’air donc se réunir, c’est risquer de choper le saturnisme. Écoute, déjà, de base, ce mariage prout prout je ne voulais pas y aller, mais je ne vais clairement pas risquer de me choper du plomb dans l’aile pour l’union d’une Mésange huppée et d’un Grand-Duc. »