Histoires de jeux

Sa seconde vie


Histoire inspirée du jeu Chroniques d'un vampire millénaire

Son premier acte fut de tuer sa mère en naissant. D’aussi loin qu’il se souvienne, c’est ce que son père lui serina jusqu’à l’âge de cinq ans. Mourir en couches n’était pas chose rare à l’époque, mais que lui survive à sa mère, n’était pas quelque chose d’acceptable pour son géniteur.

En me narrant les chroniques de sa vie, il s’aperçut qu’il avait oublié beaucoup de détails, mais pas l’insistance avec laquelle il pensait échapper à son boureau et ce, malgré d’innombrables échecs. Il savait que lorsqu’il entendait la porte d’entrée se flanquer, il devait tenter une nouvelle cachette, trouver un nouvel espace, une nouvelle ombre, où son père aviné ne pourrait l’apercevoir ou, au mieux, ne pourrait l’atteindre. Pourtant, alors qu’il tenait à peine debout, guidé par la haine, systématiquement, il finissait par l’empoigner, l’amener à lui et, du plat de sa main, imprimait son dégoût sur la chair de sa chair.

Un jour, l’immense main calleuse s’abattit sur sa gorge et serra, du plus fort qu’elle pouvait. Il ne sut jamais ce qui empêcha son père de finir ce qu’il avait entrepris, mais brusquement, il se dirigea vers l’entrée et jeta son fils dans la ruelle. Sans comprendre la situation, il rampa vers la maison et, trouvant porte close, tapa, gratta… Lorsqu’il prit une inspiration pour hurler le nom de son père, l’air lui déchira la gorge, bien plus que l’étreinte ne l’avait fait elle-même. Il sanglota toute la nuit dans la boue et fut réveillé par un énorme choc dans le ventre. Le froid et la douleur entravèrent sa vision d’une silhouette familière qui s’éloignait. Insister n’aurait amené que d’autres ruades, aussi, après quelques heures, il s’installa plus loin. Les jours passant, il se résigna : plus jamais il n’entrerait dans ce qu’il considérait, malgré l’enfer qu’il représentait, comme son foyer.