Ses retrouvailles
Histoire inspirée du jeu Chroniques d'un vampire millénaire
Mourir dans un quartier sombre de son domaine, n’était pas quelque chose qu’il avait envisagé et s’il avait déjà bien consommé cette seconde vie, il n’était pas prêt à la lâcher pour autant. Alors que les premières lueurs du jour s’engouffraient inexorablement dans la ruelle où il s’était affairé, Jo ne voyait aucune issue. Complètement absorbé par la suavité de sa victime, il avait concentré chacun de ses sens à en tirer le maximum, mettant en sourdine le monde extérieur. Les rais de lumière s’avançaient rapidement, jusqu’à atteindre les pieds de la proie qu’ils avaient acculée. Il hurla, apeuré, grattant les murs et essayant de s’y enfoncer tant bien que mal, mais ses forces l’abandonnaient dans un moment si crucial. De l’autre côté de la venelle, une mère serrait son enfant, terrifiée par les crocs et le visage bestial de celui qui leur faisait face. Alors que Jo se pensait perdu, l’enfant profita d’un moment d’inattention de sa mère, pour traverser la ruelle et abriter la créature sous une couverture. Il lui tendit également une boule composée de divers morceaux de tissus qui devaient sans doute lui apporter quelque réconfort. Malgré l’odeur infecte et la salive en émanant, Jo accepta le présent et resta planté, le jour durant, devant son bienfaiteur et sa génitrice qui n’osa bouger de la journée. À la nuit tombée, Jo pu enfin se mouvoir, et si le sang frais de cette famille aurait soigné ses plaies en quelques instants, il décida de les épargner. Régulièrement, il s’aventurait dans cette ruelle pour épier leur existence désuète. À la mort de la mère, Jo hébergea l’enfant dans sa propre demeure et Vivien resta à ses côtés jusqu’à la fin.
Tout noble qui se respecte se doit d’avoir un suivant de qualité et, en grandissant, c’est ce que devint l’enfant. Plus tard, il fonda une famille et resta au service de la créature à qui il avait offert refuge. La nature de son maître et ses habitudes, importaient peu. Mieux ! Il espérait en tirer parti en suppliant Jo d’accorder le Don à sa fille malade Eugénie, mais ce dernier ne vivait pas sa nature comme un don et s’y refusait catégoriquement. Pourtant, inlassablement, Vivien ne reculait devant aucun caprice et chaque nuit, s’infligeait une saignée pour que Jo se lève en profitant des notes melliflues de son être.
À la mort d’Eugénie, le serviteur provoqua la sienne, laissant Jo seul après 30 années d’une amitié si singulière. Plus encore que leurs conversations ou le fait de pouvoir se livrer sans fard, c’est l’accueil sucré qui lui était réservé chaque nuit qui lui manquait le plus et il ne fallut que quelques jours pour que sa nature s’exprime à nouveau. La bête, aigrie, réalisa que plus q’un ami, Vivien était avant tout un amas de chair disponible. Le reste n’avait été qu’artifice.
Rembruni et peu enclin à la chasse, Jo fit augmenter les emprisonnements dans son duché pour des raisons diverses et variées, pourtant, la plupart des geôles remplies dans la journée se voyaient vidées dès la nuit tombée.