Histoires de jeux

« Tony ? … Tony ?
– Vincenzo.
– Ah ! Purée, tu m’as foutu les j’tons.
– Si tu pouvais éviter de crier…
– Pourquoi tu sors toujours de l’ombre comme ça ?
– C’est l’métier qui veut ça. Tu ne voudrais pas qu’on fasse tout ça devant l’commissariat.
– Non, bien sûr.
– Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
– Viens, on s’enfonce un peu plus dans la ruelle… Les gens deviennent fous de nos jours.
– …
– Je… J’aurais besoin d’un gallon.
– Tu n’as jamais eu de quoi te payer un gallon… Alors aujourd’hui encore moins.
– Quoi ? Les cours ont encore augmenté ?
– Si tu as l’impression que tu serais mieux servi ailleurs, ne te gêne pas.
– Non, Tony… Non. T’es mon vendeur préféré, mais les temps sont durs.
– Ils le sont pour tout le monde.
– Bon donnes moi 20 litres. Jamais j’aurai cru que mon salaire passerait un jour dans un plein.
– Parce que tu crois que j’imaginais mon futur en dealer d’essence après avoir refourgué du PQ, des pâtes et des masques FFP2 ?
– C’est quand même un drôle de monde Tony.
– Ouep Vincenzo… Un drôle de monde. »

[…]

« T’es sérieux Tony ? Vous suivez vraiment des formations pour sortir de l’ombre et faire flipper les gens ?
– Tu croyais que c’était un don ? Je m’appelle pas Batman.
– Ouais, j’sais pas. Bon après, je t’avouerai qu’il y a un truc qui me fait encore plus flipper que tes entrées…
– Dis toujours.
– Ben à chaque fois que je te vois, il y a cette musique lancinante au violon en fond, comme si on était dans un film et ça me fout les poils.
– Ah ? Ça ? C’est Tony Junior qui joue dans la voiture.
– De quoi ?
– Tony Junior… Mon fils. Tu prends toujours rendez-vous au même moment… Pile, quand on rentre de son cours de musique donc il fait ses gammes.
– T’as ton fils dans la voiture ?
– Ben, je vais pas le laisser à la rue vue les traîne-savates qu’on y trouve…
– Ouais, c’est sûr. C’est rigolo, tu lui as aussi donné un surnom à ton fils ?
– Non pourquoi ? C’est son prénom Tony Junior.
– Ben toi, Tony c’est pas un surnom ?
– Ben si ! Je vois pas le rapport.
– Ben…Junior… C’est…
– Vincenzo. Tu poses trop de questions pour ton propre bien. C’est dommage. C’est dommage… »