Histoires de jeux

Le pitch

La mort aux trousses est un jeu solo de programmations d’actions.

Ahhh le cambouis, les odeurs de carburant, le sable brûlant, les balles qui fusent et les muscles bien huilés de virilistes surpuissants engoncés dans des strings moulants en cuir. Tout ça fleure bon l’ambiance à la Borderlands, Route 666 et bien sûr, Mad Max, n’est-ce pas ? C’est également l’univers de “La mort aux trousses” qui plonge les joueuses dans des courses-poursuites endiablées où des véhicules trafiqués de toute pièce s’affrontent dans des courses qui terminent bien souvent en explosion et en amas de tôles froissées.

Armée de dés et de quelques pièces ramassées sur les châssis de feu ses adversaires, la joueuse agrémente son véhicule d’équipements farfelus, parfait son blindage, répare les pièces qui en ont besoin, avant qu’une nouvelle vague de véhicules ne la rattrape. Charge à elle d’éviter leurs projectiles, de se frayer un chemin dans la ronde des chars qui veulent sa peau quitte à les envoyer dans le décor si le besoin s’en fait sentir. Les pauses sont de courte durée et le véhicule du Big boss, qui hurle dans son mégaphone, semble se rapprocher inexorablement…

La mort aux trousses offre une aventure en une campagne de 7 chapitres, augmentée de 3 autres dans une extension… Sortie en même temps que le jeu… Nous en reparlerons.

L'analyse

Finalement, parlons-en tout de suite. L'extension du jeu est sortie en même temps que le jeu, une pratique qu'on voit de plus en plus souvent arriver depuis l'avènement des plateformes de financement participatif et qui me laisse perplexe. On parle ici d'une boîte qui ajoute 3 chapitres à l'aventure (donc un nouveau cahier à spirales), quelques cartes et quelques gemmes. On a tenté de m'expliquer que le jeu aurait sans doute coûté beaucoup plus cher si tout avait été dans la même boîte, et que le consommateur est gagnant… J'ai quelques doutes. Le cahier à spirales du jeu de base, qui sert de journal d'aventure, aurait pu être augmenté de quelques pages avec un coût bien moindre que le fait d'en refaire un entier. Les quelques cartes supplémentaires, les gemmes entraînent un surcoût, mais est-il réellement de 20 € ? Non ! Ces 20 € couvrent l'édition d'une nouvelle boîte et toute la logistique qui va avec, y compris le fait d'appliquer une deuxième fois une marge. On est ici dans une logique purement capitaliste et toxique, à peine dissimulée par une équipe commerciale qui vente le bienfait pour le consommateur. Désolé, mais avoir dans l'aide du jeu de base des icônes qui relèvent de l'extension, m'a particulièrement donné l'impression d'avoir acheté un morceau du produit.

Bah, quand même, il en fait des histoires pour une icône dans une aide de jeu. C’est vrai ! Mais, ça ne s’arrête pas là.

Le jeu solo a une petite particularité : il se joue seul… Oui, je sais, c’est con, mais ça veut également dire qu’il se découvre seul, qu’on lit les règles seul et qu’on en assume la compréhension (ou pas) seul. Bien souvent, cette situation entraîne de petites erreurs lors de la première partie, mais ces dernières sont rapidement corrigées par une seconde lecture ou en regardant la vidéo de quelqu’un qui, comme vous, a essuyé les plâtres. Contrairement à un jeu multi, où un participant peut émettre quelques doutes sur certains mécanismes, le jeu solo se découvre dans un environnement de stress lié à sa propre ignorance, à sa propre interprétation du manifeste.

J’ai donc fait ma première partie avec une erreur qui a fait que j’ai relativement roulé sur le jeu, sans mauvais jeu de mots. Après avoir relu les règles, je me suis aperçu de nombreuses incohérence, imprécisions et j’ai mis un peu de temps à relancer quelques parties, tant mon appréhension de me tromper à nouveau était grande.

Bien plus que pour un problème d’extension, c’est là où le bât blesse avec Origames et la mort aux trousses. Quelques jours après la sortie du jeu et alors que les forums BGG pullulaient de remarques, l’éditeur a publié une liste d’erreurs, ils appellent ça FAQ, mais ne trompent personne. Cette liste fait 3 pages… 3 pages. Dans ces pages, on trouve des erreurs de textes, d’images, de composition, d’iconographie, réparties dans le livret de règles, le journal d’aventure et sur l’aide de jeu. On est loin du mauvais fichier de traduction envoyé à l’imprimeur. Il ne s’agit pas non plus d’erreur de traduction dans la mesure où la version anglaise comporte les même erreurs. Non ! Il s’agit bel et bien d’un produit mal supervisé, pas relu ou pas assez, pas corrigé, pas testé. Bref ! Un produit non fini. Il y a quelques années, sont arrivés dans le monde du jeu vidéo, les patchs Day One, comprenez par là, un correctif téléchargeable le premier jour de vente du jeu. Aujourd’hui, cette tendance arrive de plus en plus dans le jeu de société avec les éditeurs qui font des réimpressions, envoient des stickers à coller sur les éléments du jeu, parfois même, ces correctifs sont scotchés sur les boîtes en magasin.

L’obligation de sortir les jeux dans des timings très précis (fêtes, festivals,…), de réduire les coûts ou les étapes de production, d’augmenter les profits, amène les jeux à être de moins en moins qualitatifs alors que leur prix ne fait qu’augmenter. Bien sûr, certains éditeurs font encore attention à délivrer un produit quand il est prêt, à le tester de fond en comble. Malheureusement, leurs concurrents moins scrupuleux, sortent plus de jeux et rayonnent plus sur les réseaux à une époque où la critique ludique est très superficielle.

Je ne terminerai pas cette analyse sans vous parler de l’expérience de jeu en elle-même. À mes yeux, elle aurait pu être bonne : l’environnement est correctement rendu (même si certains mécanismes,… bon), c’est joli, le matériel est soigné, mais au final, quel que soit le scénario, le gameplay n’est pas du tout renouvelé et on fait toujours la même chose, les mêmes enchaînements et on s’ennuie… on s’ennuite… Enfin ça c’est quand les tirages de dés ne nous ruinent pas complètement la partie.

L'avis de Greg

J'ai moins aimé :

  • L'extension qui sort en même temps que le jeu.
  • Le mico matériel qui s'avère être une horreur quand on a de gros doigts.
  • 3 pages d'Errata. 3… pages…
  • L'écriture peu inspirée.
  • Un jeu assez vite redondant.

Scott Almes, Brett Parson, The Warden

Origames

1 joueuse

à partir de 10 ans

45 minutes

32€

15 minutes

5 minutes

Legacy, Narration, Puzzle, Solo

Philibert

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