Histoires de
Coimbra

« Ah Sara, tu es là, je te che… Attends, pourquoi tu sors du bureau du maître en Mathématiques ?
– Ronaldo, tu tombes à pic, j’allais venir te voir.
– Ah ! Je dois m’inquiéter ? Que … Non, peu importe. Sara, qu’est-ce que tu faisais, ça va jaser, tu sais ? Toi et le maître… Vous avez … ?
– Avec ce vieux hibou ? Voilà bien des siècles qu’il n’a pas dut hisser la grand-voile… Pour qui me prends-tu au juste ? Ne suis-je pas la plus belle étudiante de Coïmbre ?
– Tu es la seule étudiante de Coïmbre. Et bien évidemment, le fait que ton père soit le Doyen de l’université n’a absolument rien à voir avec ça…
– Cesse donc ton mauvais esprit, ami. Tu n’es pas le dernier à profiter de mes…relations.
– Des relations de ton père.
– Pas que mon ami… pas que.
– Qu’as-tu fait ?
– Tu sembles bien ingrat pour quelqu’un qui vient d’obtenir un avis favorable pour son passage.
– Tu vas un peu vite en besogne, nous n’avons pas encore eu les résultats et… Attends, le maître en Mathématiques…
– …a fait preuve d’indulgence pour nos résultats un peu justes.
– Mais enfin Sara, j’étais tout à fait à même de faire les choses par moi-même.
– Allons Ronaldo, nous savons tous deux que tu es bien plus à l’aise la soule au pied qu’avec un boulier. »

[…]

« J’ai décidé de prendre ma vie en main Ronaldo.
– Tu vas travailler ?
– Ne sois pas sot enfin. Enfin si, mais pas comme tu l’entends. Tu sais l’histoire avec le maître de Mathématiques ? Ça m’a mis le pied à l’étrier.
– J’ai peur…
– Je serai celle qui portera le nom de ma famille de par le monde.
– Sara… Ton frère a charmé le roi avec ses faïences au point qu’il lui fasse refaire les murs du palais d’Evora. Magnifique bleu ses Azulejos au passage.
– …
– Ton père, Salvador Sampaio, est le doyen d’une des plus anciennes universités du monde.
– …
– Que vas-tu faire, toi, Sara pour qu’on retienne ton nom plus que le leur ?
– Ce sont des hommes de peu d’ambition. J’ai appliqué leurs méthodes : graissé les pattes des grandes familles de Coimbra, donné de l’argent, accordé notre protection, mais tout ceci ne mène à rien ou presque. Il faut voir plus grand !
– Tu divagues.
– Tu te trompes mon ami. Un jour, mon nom sera connu par-delà les mers, un jour, tu admiras des mosaïques à mon effigie en regrettant de ne m’avoir suivi.
– Si tu le dis ! Cependant, et même si mes talents en Mathématiques sont discutables, je pense que la probabilité de ton succès est aussi élevée que le mien en jouant de la soule. »